•  Jules Bastien-Lepage

    Robert Caze était un naturaliste. Aussi l'intrigue de son roman, Le Martyre d'Annil n'étonne-t-il pas ceux qui sont accoutumés à ce genre.

    Annil est bâtarde, fille d'une travailleuse agricole qui ne peut se souvenir qui a été le géniteur tant elle a eu d'amants. Enfance misérable et travailleuse avec comme seule poésie le catholicisme.

    La mère meurt quand Annil est encore fillette. Elle est placée par le curé chez un vieux propriétaire rapace et lubrique qui lui fait subir toutes sortes de turpitudes sexuelles. Quand il décède, les héritières la chassent.

    Elle part vers Toulouse à pied, s'évanouit sur la route et manque se faire écraser par un charriot. Le roulier, Jeanbernat, la recueille. Ils s'aiment. Mais amolli par la sensualité, Jeanbernat cesse de travailler et sombre dans l'alcoolisme.

    Elle doit travailler pour lui: elle décharge des sacs de grains, puis vend des journaux. Rencontre un étudiant qui en fait sa maîtresse. Evidemment, il la lâche sans un sou.

    Elle retourne vers Jeanbernat, juste à temps pour s'interposer dans une rixe et recevoir un coup de couteau fatal à sa place.

    Maintenant, les points forts: la description de Toulouse, magnifique. La sensualité de Caze, qui s'exprime dans un érotisme discret, mais aussi dans les descriptions de la nature ou des objets. Sa révolte enfin, toujours frémissante.

    Caze est décidément un très bon écrivain qui, comme l’écrivait Virgile Rossel « aurait vite passé au premier rang des romanciers contemporains", s’il n’était pas mort des suites d’un duel, à 33 ans.


    Robert Caze, Le Martyre d'Annil, Société jurassienne d'Emulation & Du Lérot éditeur, 2010

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