• Léon Bopp

    Cet auteur genevois, oublié aujourd'hui, s'était attelé à un travail de somme. Ses quatre œuvres majuscules veulent épuiser l'esprit de l'époque. Le roman d'un savant, le roman d'un moraliste, le roman d'un politique et Jacques Arnaut ou la somme romanesque:

    J’ai trouvé ce dernier livre au marché aux puces. L'objectif de Bopp y est de réunir toutes les questions que se posaient les années 1920-1930 sur le roman. Résultat: 607 pages en édition Gallimard, petit interligne, petite police.

    L'intrigue: un écrivain qui s'est fait une réputation par des romans mièvres décide, à 37 ans, d'écrire une somme romanesque où il changera de style à chaque tome. D'où pour Bopp pastiches (Amiel...) et petits romans dans le roman.

    C'est tout à fait intéressant, quoique les personnages soient un peu caricaturaux. Par exemple les deux filles de l'écrivain s'opposent en types, lui et sa femme aussi.

    Mais ce qui est le plus curieux dans les questions que se pose Bopp sur le roman, c’est qu’il semble bizarrement persuadé qu'écrire consiste à appliquer virtuosement une série de trucs, de procédés, qu'on peut adopter par exemple la manière de Stendhal en la corsant avec le catholicisme de Bernanos.

    Autres temps autres mœurs. On ne croit plus, à notre époque, qu’un bon auteur peut choisir un style comme un ébéniste peut décider de faire du Louis XV. Sinon, peut-être, les auteurs en quête de succès de librairie, qui examinent ce qui marche. Mais un vrai écrivain, même s'il varie de ton entre deux livres ou à l'intérieur d'un même texte, doit surtout rechercher, nous semble-t-il, une expression personnelle.


    Léon Bopp, Jacques Arnaut ou la somme romanesque, Gallimard