• nativité par Georges de la Tour
    Bon, c'est en bonne voie. Ce n'est pas terminé, bien sûr, il en reste encore pas mal avant qu'on soit sorti du tunnel, mais on a déjà à peu près fini le potlatch. L'échange des cadeaux.
    Je sais bien, vous êtes comme nous. On dit qu'on ne le fait qu'aux enfants, aux petits. Pour les autres c'est révolu. On se réunit en famille élargie mais cette année, non, on ne s'offrira rien entre adultes.
    Et puis il y a toujours quelqu'un qui trouve quand même deux ou trois petites choses à donner, et bien évidemment, les autres, ridicules, gênés, s'y remettent l'année suivante. Oh trois fois rien, des pots de confiture, un roman, une bouteille de vin, une écharpe ou du parfum.
    C'est en même temps touchant et dérisoire. L'échange. Un des rituels des grandes nuits.
    Il y en a d'autres, contre l'angoisse de l'obscurité et du temps qui passe. La commémoration d'une naissance pour contrebalancer tous ces symboles de mort. Les vacances à la neige, les voyages au soleil, les repas obligés, la Saint-Sylvestre qui clôt tout ça. Bientôt une année de plus.
    Les enfants se réjouissent, ils veulent grandir. Ils grandissent donc. Ils sont grands mais ce n'est pas encore ça. D'ailleurs ça continue. Un autre Noël. Un autre 31 décembre.
    Ça continue encore. Le retour de la nuit. L'horloge annuelle. La maturité. La vieillesse.
    C'est surtout ça, les fêtes de fin d'année, par en dessous: le rappel du Temps inéluctable et du grand rendez-vous sombre qu'il nous a fixé depuis toujours.