• Un avantage de ce blog, c'est que j'y note la plupart de mes lectures depuis que je l'ai Ian McEwanouvert. Je peux donc rafraîchir ma mémoire si nécessaire.

    C'est donc avant de commencer à le tenir que j'avais lu du McEwan. Des nouvelles il me semble. Il y avait peut-être sur la couverture du livre en version française la photo d'un bébé. Impossible de me souvenir d'autre chose, sinon d'une impression globalement positive.

    Impression qui se confirme avec Samedi.

    Le roman raconte la journée d'un chirurgien du cerveau, avant le début de la deuxième guerre du Golfe. Vous vous souvenez ? Les Etats-Unis et l'Angleterre massaient leurs hommes dans les sables, Blair avait la preuve de l'existence des armes de destruction massive, on comptait sur Blix, l'expert des Nations-unies, pour sortir tout le monde du pétrin.

    Il y a justement, ce samedi dont parle McEwan, une gigantesque manifestation contre la guerre à Londres. Perowne, le héros chirurgien, est plutôt pour la guerre : il compte parmi ses patients un Irakien torturé qui lui a expliqué l'inhumanité du régime de Saddam. Les enfants de Perowne, un bluesman et une poétesse, sont plutôt contre.

    D'autres événements du jour : le matin, Perowne voit un avion au réacteur enflammé atterrir, il joue au squash, accroche la voiture d'un voyou, visite sa mère qui ne se souvient plus de lui, reçoit toute sa famille, y compris son beau-père, grand poète évidemment alcoolique, réunion à laquelle s'invite le voyou humilié et désireux de se venger.

    Le roman évoque surtout les rapports entre art et science, la complexité du monde, et les multiples interprétations qu'on peut essayer d'en tirer. Par exemple cet avion en feu, successivement vu comme un accident coûteux en vie humaine, un attentat terroriste, un transport de matériel pédophile, un simple accident d'avion cargo dans lequel, finalement, seule une partie de la cargaison sera perdue.

    Ou encore les préparatifs de la guerre du Golfe, à quoi l'avenir dorénavant connu donne un relief particulier. Ce qu'on en a appris désormais contribue à l'impression que donne le livre, d'être au centre de l'univers, au milieu des informations, du chaos, sur une pointe d'épingle entre passé et futur. Sans que ceux qui vivent le moment détiennent les informations qui leur seraient utiles. Perdus dans un monde hasardeux mais à quoi on peut donner un sens, suggère McEwan, par la compréhension, l'empathie et le pardon.

    Ian McEwan, Samedi, Gallimard