• Vénus, par Chassériau

    - Es-tu sûr de ton expression ? m'a demandé un lecteur fidèle et proche.

    C'était hier, au sujet du billet de la veille, où j'avais utilisé « rien de moins que ». Une sacrée formule, dont on ne sait jamais si elle signifie une chose ou son contraire. On se trompe facilement. On en oublie le « de » et voilà qu'elle change de sens.

    Mais j'avais vérifié, avant. Donc voici la leçon.

    Regardez le tableau qui illustre ce sujet. Si vous dites : cette Vénus de Chassériau est rien de moins que magnifique, vous la trouvez splendide. Mais maintenant : cette Vénus est rien moins que splendide, vous entendez qu'elle est insignifiante.

    Vous entendez d'autres choses encore si vous avez l'oreille ancienne puisqu'il semble que « rien moins que » ait eu plusieurs sens. Grévisse, très prudent, suggère donc d'éviter une « locution aussi ambiguë ».

    Tout ça pour vous dire qu'hier soir, j'ai assisté à une lecture de Bastien Fournier, à la Galerie, qui organise des lectures d'auteur. C'est près de la gare de Cornavin, dans le quartier des Grottes, à Genève.

    Un jeune auteur. 27 ans et déjà quatre livres publiés. Le dernier est un polar, Bébé mort et gueule de bois.

    Très différent de ce roman, son texte inédit d'hier s'interrogeait sur le statut de l'auteur, la chose à dire, le sens de l'œuvre. Intéressant. Et d'autant plus que Bastien Fournier est très showman dans ses lectures. Il y met de l'énergie, de la force, du mouvement. Il est rien de moins que très bon quand il lit.
    Son site est ici.