•    Le verrou, par Fragonard 
    Attention ! La matière de ce conte, Cosi Santa, est tirée de Saint Augustin. Enfin, plus ou moins.
    Il s'agissait d'une femme qui avait accordé ses faveurs à un homme riche pour sauver son mari. Saint Augustin hésitait à la condamner, et Bayle, qui relatait l'anecdote dans son Dictionnaire historique et critique, était scandalisé par cette mollesse complaisante du père de l'église.
    Voltaire, lui, n'est pas choqué. Ou plutôt si, mais parce que le saint homme hésite à absoudre immédiatement et complètement. Trompez, trompez tant que vous voudrez, semble-t-il dire, pour autant que ça vous fasse plaisir, et ne suivez aucun précepte absolu, sinon ceux de l'amour. Bon.
    Il peint une jeune et belle femme condamnée à épouser un vieux sot grincheux et laid. Elle laisse mourir le beau jeune homme qu'elle aime plutôt que faire une entorse à ses principes, puis son mari lui-même lui ordonne de le cocufier quand il s'agit de le sauver, lui. Elle récidive ensuite avec un vilain brigand pour préserver son frère et avec un médecin fat pour guérir son fils.
    Trois tromperies sans plaisir alors qu'elle en aurait eu tant avec son aimé. Et on la canonise pour ça ! Bel exemple de sainte ! (dit Voltaire.)
    Et vous, qu'en pensez-vous ? En ce qui me concerne, tout à fait personnellement, je n'ose pas prendre position. Qui suis-je, entre Saint Augustin, Voltaire et Bayle ?