• Ouf, c'était juste. Les dernières minutes. La galerie était déjà en train d'emballer les œuvres vendues  que les acquéreurs allaient venir chercher le soir même. C'était 17 heuresFiligrane, Par Noele Baker 35, ça fermait à 18 heures. Nous avions eu peur d'arriver trop tard, coincés dans les embouteillages des pendulaires qui rentraient chez eux, la journée faite, au milieu des files de bagnoles immobilisées feu rouge après feu rouge alors que le crépuscule tombait comme les première gouttes de pluie, dans le flamboiement des néons allumés.
    Mais enfin, nous y sommes arrivés. A la Ferme de la Chapelle. Pour une exposition de Noële Baker, sculpteur. Terminée, donc, avant-hier. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas en parler.
    Noële Baker travaille avec toutes sortes de matériaux. Bronze, ciment, résines... Mélanges de matières dans les mêmes œuvres qui intègrent aussi aquarelles ou écritures.
    Des travaux qui jouent sur la frontalité, la monumentalité, l'équilibre, la répétition, la série. Compositions rigoureuses et souvent verticales. Figures épinglées ou étirées. Statuettes qui semblent celles de déesses archaïques. Eléments constitutifs d'un monument fragile, cultivé et primitif, comme un temple.
    Un temple ici construit autour d'êtres chers qui sont décédés. Un temple qui évoque la mémoire, la mort, la création et incorpore des fragments de textes. Des poèmes, des morceaux d'autobiographies écrits par ces proches disparus que Noële Baker commémore.
    Mais ce n'est pas un art mortuaire, spirituel plutôt. Une méditation sur la disparition et ce qu'il reste des morts dans les survivants. Un travail attachant sur le sens, la verticalité et la profondeur.