• Pascal Rebetez continue son œuvre de découvreur. Ecrivain, homme de théâtre et de télévision, il est aussi un éditeur exigeant qui a déjà révélé plusieurs auteurs de grand Sylvain Boggiotalent. Claude-Inga Barbey, par exemple, ou François Beuchat, ou Roland Biétry, ou Eric Masserey. Enfin, consultez son catalogue.

    Pascal Rebetez, donc, fait mouche encore une fois avec le premier roman d'un jeune auteur, Sylvain Boggio, né en 1975, et qui vit entre Lausanne et Berlin.

    Bas étages, c'est une voix et un sens du récit au scalpel. Boggio travaille sur l'oral, sur le flux, en disciple de Céline. Disciple et pas épigone. Il a pris le parti de mettre de l'oral dans l'écrit, d'en faire un travail littéraire. S'il a parfois ici ou là de rares accents du maître, son écriture lui appartient en propre et le résultat est cohérent et touche juste.

    Bas étages est composé de quatre parties (quatre étages) et utilise la forme autobiographique pour raconter l'existence d'un jeune homme, de sa naissance à la mort du père. Un jeune homme élevé dans une famille souvent recomposée.

    La mère, une soixante-huitarde assumée, fume des pétards et fait défiler les hommes dont elle a parfois un enfant. Le père, plus âgé, est un alcoolique violent et jaloux qui termine finalement sa vie dans des hôpitaux psychiatriques. Le fils, Tibor Keller, se débrouille comme il peut, dans le changement incessant de camarades dus à ses multiples déménagements, dans ses obsessions sexuelles précoces, ses fumeries de shit, ses excès de bière, ses coucheries sans amour, ses hontes, sa haine de soi et sa peur de l'amour.

    On a déjà entendu un peu tout ça, mais Sylvain Boggio a une manière concise, impudique et puissante de déballer ses épisodes qui retient l'attention et fait en vouloir plus. Personnellement, je n'ai pas pu lâcher le livre avant de l'avoir terminé.

    Bas étages. Les plus belles promesses. On espère que les étages du haut existent et qu'ils vont nous être livrés bientôt.