• Violette Leduc est un personnage intéressant. D'un physique singulier. Bisexuelle mal assumée, vivant des passions impossibles pour Simone de Beauvoir, Jacques Guérin, Jean Genet ou Maurice Sachs qui l'a emmenée en Normandie pendant la guerre, l'a abandonnée, puis a tenté de se servir d'elle avec son égoïsme légendaire.
    Il faut retenir une chose en faveur de Sachs. Il l'a poussée à écrire.
    Thérèse et Isabelle
    est un livre incandescent, qui a été censuré autant pour la forme dont il use que pour le sujet dont il parle. Une liaison lesbienne.
    Violette Leduc à 18 ans dans la cour du collège de DouaiInterne au collège de Douai en 1924, Violette Leduc vit une passion charnelle partagée avec une autre pensionnaire, Isabelle. En 1948, poussée par Simone de Beauvoir, elle rédige ce texte qui devait être la première partie d'un roman nommé Ravages. L'objectif : « rendre le plus exactement possible, le plus minutieusement possible les sensations éprouvées dans l'amour physique. »
    Du coup, Gallimard censure le texte. Ravages paraîtra en version expurgée et sans aucun succès. Violette Leduc le vit très mal. Maniaco-dépression, crises paranoïaques, électrochocs, cure de sommeil.  Puis elle se reprend.
    Thérèse et Isabelle
    sera greffé, atténué, dans son livre La Bâtarde qui rencontre un grand succès. Grâce auquel il est enfin publié dans son intégralité par Gallimard en 66.
    Qu'est-ce qui a provoqué cette censure ? Le fait d'abord que l'histoire se passe entre deux lycéennes de 18 et 17 ans. Qui vont en deux jours et deux nuits poursuivre une exploration d'elles-mêmes extrêmement poussée. Amour physique, folie sensuelle et délire amoureux.
    Tout ça décrit dans une langue âpre, violente, libre, précise, lyrique, entre le Cantique des cantiques et le Marquis de Sade. Qui mêle des métaphores exaltées avec une recherche de la justesse, de la précision clinique. Un de ces récits brûlants, extrêmes, singuliers, qui n'abondent pas en littérature.