• Lire Proust, c'est être aspiré. On a tendance à ne plus séparer très bien  ce qui est à l'intérieur et à l'extérieur des livres. A voir comme le narrateur voit. Avec cette générosité de la vision, cet émerveillement qui semble dire devant chaque objet : comme c'est intéressant !
    Quand je me promène dans la rue, je regarde les immeubles, les arbres, les détails des rues avec ce regard que Proust me prête. Tout me semble curieL'église d'Illiers-Combrayux, attirant par au moins un aspect, digne d'être vu et décrit.
    Pourquoi cet intérêt qu'on prend aux choses dans La Recherche? Par exemple à cette église de Combray, qui est quelconque et ne devrait au départ pas susciter une grande attention.
    A cause d'une sorte de regard artiste que Proust pose sur elle. Un regard de peintre impressionniste. Son clocher par exemple prend toutes sortes d'aspects et de couleurs selon les points de vue ou les moments.
    Ou parce que la chose est la cause d'effets esthétiques, comme  les vitraux lumineux et multicorores dans la nef de la même église.
    Ou parce qu'elle a un intérêt historique, qu'elle est un vaisseau du temps : le chœur qui contient les poussières des anciens abbés de Combray.
    Ou alors affectivement.  Par exemple l'abside : « grossière, si dénuée de beauté artistique et même d'élan religieux ». Mais qui, plus que les cathédrales les plus magnifiques, représente pour le narrateur l'Eglise - celle de son enfance.