• Ceux qui suivent les citations de ce blog se sont peut-être rendus compte que je suis en train de relire La Bruyère et la Rochefoucauld. Les deux vont de pair, évidemment. Il y a comme ça des vieux couples dans la littérature française. Des vieux couples un peu conflictuels, aux tempéraments opposés, mais qu'on n'imagine pas l'un sans l'autre. Voltaire et Rousseau. Corneille et Racine. Balzac et Stendhal. Céline et Proust.
    Je relis donc Les caractères et les Maximes. Ça se fait lentement, vous le savez bien. Une sentence ici. Un portrait là. On compare. On a ses préférences.
    Moi, c'est La Rochefoucauld. Car il faut bien dire que La Bruyère est un peu agaçant avec sa mesure bourgeoise toujours prônée. Avec ses apologies de l'honnête homme. Avec cet éloignement des excès, en ce qui concerne la morale, la vie ou l'écriture. Sa petite vertu ne semble pas attirée par le péché, elle est toute tiède, sans tentations. Or, rien n'est plus intéressant que les tentations.
    La Rochefoucauld a plus de séductions. Ce grand amour-propre qui triomphe. « L'amour de soi-même et de toutes choses pour soi ». C'est l'intérêt, qui d'après lui guiderait finalement toutes les actions humaines. Sous chaque vertu, il y a un vice. C'est assez simple, mais passablement vertigineux ! Et puis il n'aime pas la bonne conscience du satisfait, de celui qui est content de lui, confiant en ses qualités.
    Mais quand même, La Bruyère m'interpelle. Promis, je vais en parler plus longuement quand je l'aurai entièrement relu.